samedi 27 juin 2015

Les préservatifs


Au pied du wat de Tha Khanun les plantation d'hévéas se sont développées
Photo www.safarine.com
En 2007, la Thaïlande a conquis  le titre de premier fournisseur mondial de préservatifs. Elle est alors passé devant la Malaisie avec une production annuelle de près de deux milliard d'unités. Il ne faudrait pas croire le florissant marché local de la prostitution y est pour quelque chose 95 % de la production est destinée à l'export. La Thaïlande possède une main-d'oeuvre peu chère, et elle produit en grande quantité du latex d'une excellente qualité de dans d'immenses plantations d'hévéas qui lui ont permis de devenir le premier producteur mondial de caoutchouc.
La qualité des préservatifs est souvent supérieure à celle de la Malaisie, la production étant aux mains des producteurs locaux contrairement à la Thaïlande où se sont implantés les grands groupes mondiaux..
Plantation d'hévéas. L’hévéa (Hevea brasiliensis) un arbres, du genre Hevea de la famille des Euphorbiaceae. On en extrait le latex pour le caoutchouc
Trois  (sur quatre) principaux acteurs majeurs ont développé des usines en Thaïlande. Le numéro un mondial, SSL International (marque Durex - Angleterre), a doublé sa capacité (400 millions d'unités par an), et Bangkok  est devenu  l'un de ses centres principaux. Ansell (marques Manix et LifeStyles - Australie), produit aujourd'hui plus d'un milliard de préservatifs chaque année. Il a relocalisé toute sa production de l'Alabama vers la Thaïlande.  Thai Nippon Rubber Industry (Japon)  dépasse juste les 500 millions.
Coupelle pour la collecte du latex
Le latex est toujours collecté de manière artisanale. Tout commence dans la nuit, à la saison des pluies, à la lueur des lampes frontales ; le caoutchouc coule mieux dans une atmosphère humide et fraîche . Chaque matin, les ouvriers agricoles s'éparpillent le long des rangées d'hévéas. Munis d'un couteau spécial, ils pratiquent au bas des troncs une mince incision. Le l'hévéa se met alors à saigner . Le latex est recueilli dans une récipient placé sous l'entaille. Environ trois heures après avoir entaillé entre deux cents et trois cents arbres, le krit yang (กรีดยาง) revient sur ses pas pour vider les récipient et récolter une trentaine de kilogrammes de latex.
Le caoutchouc liquide est ensuite acheminé vers l'usine, où il est traité immédiatement. Il peut en effet tourner ou cailler au contact de l'oxygène, de l'humidité ou  de la chaleur. On lui ajoute divers conservateurs, et des agents vulcanisants pour accroître sa résistance. Il subit dix jours de cuisson avant que la mixture soit transvasée dans l’atmosphère ammoniacale d'une salle où tournent les chaînes de production.

Film publicitaire de Manix

Chacune a une production spécialisée : Une façonne ainsi le préservatif  nervuré. Une, le bulbeux. Les  longs moules en verre alignés dessinent une espèce de ballet évocateur. Ils s'enfoncent verticalement dans le bain de latex, ils se couvrent d'une fine pellicule transparente, puis tunnel chauffant. L'opération est alors répétée pour obtenir la bonne épaisseur,  deux bains suffisent en général. Quelques dix minutes plus tard, un préservatif a vu le jour. Il est décollé du moule à l'aide d'un jet d'eau, puis mis à  sécher pendant un mois.
Une cohorte de travailleuses masquées, gantées et coiffées d'une toque pratiquent un contrôle de qualité au cours et font subir au préservatif frais émoulu un traitement rude. Plusieurs fois par jour des échantillons sont prélevés pour être soumis à des tests de résistance. Le gonflage jusqu'à l'explosion, l'étirement jusqu'à la rupture contrôle l'élasticité du caoutchouc. Le remplissage d'eau et  une ouvrière qui les plaque sur un buvard permet de détecter la plus petite porosité.
Un détecteur électronique termine les contrôles.  Une douzaine d'opératrices enfilent à toute vitesse  les capotes de latex sur une machine en forme de phallus, celle-ci détecte les défauts  invisibles à l’œil nu. Quelques gouttes de lubrifiant parfumé et le condom est paré pour le service dans sa pochette. La fabrication dure donc deux mois !
En Thaïlande le préservatif est encore un luxe réservé aux plus aisés. Près de la moitié de la production est achetée par des organisme de lutte contre le sida,  des plannings familiaux ou des organisme du gouvernement, qui les distribuent gratuitement. Mais ces distributions varient en fonction des budgets, de la situation économique et de la politique. Depuis 2014 ces achats sont à la baisse.

SIDA et prévention 

Journée de lutte contre le SIDA en Thaïlande
À  ce jour plus de 600 000 thaïlandais en sont déjà morts,et les estimations montrent qu'il y aurait actuellement encore plus de 800 000 thaïlandais séropositifs.
Les pouvoirs publics thaïlandais ont mené dans le passé plusieurs campagnes chocs pour lutter contre la propagation des maladies sexuellement transmissibles. En février 2012, pour la fête de la Saint-Valentin, le ministère de la Santé avait distribué gratuitement 60 millions de préservatifs, notamment aux populations à risques. D'après une étude citée par le Bangkok Post, Saint-Valentin rime avec jour coquin pour les jeunes Thaïlandais : 15,4% des 16-18 ans, 12,5% des 19-22 ans et 16% des 23-29 ans projettent de perdre leur virginité le 14 février. Le quotidien anglophone rapportait aussi cette année-là que les prostituées n’avaient droit qu’à 16 capotes gratuites par an de la part des autorités sanitaires du pays.
source: thailsacien.org
Les Thaïlandais ne manque pas d'humour ! "La "Soupe aux choux et au condoms" ;)

“Tung Yang Mechai”, ancien ministre de la santé thaïlandais, a fondé en 1974,“Population and Community Development Association” et s’est ensuite fixé pour mission d’enseigner l’usage du préservatif aux populations rurales.
En pleine campagne de prévention du SIDA, khun Mechai a fondé “Cabbages & Condoms”  un restaurant à Bangkok avec l'idée de rendre les préservatifs aussi populaires que les choux... source : Thailsacien.
En octobre 2011, alors que la Thaïlande était touchée par des inondations record. Certaines zones en provinces étaient inaccessibles par voie terrestre. Le ministère de la Santé avait fait parachuter par hélicoptères des colis de préservatifs dans les régions reculées du royaume. Les autorités craignaient en effet que, désœuvrés, les villageois ne fassent trop de galipettes sans moyens contraceptifs, et déclenchent une avalanche de grossesses. Un problème d’autant plus sensible en Thaïlande que l’avortement y est interdit.
Les projections statistiques officielles indiquent que 43.000 personnes devraient être infectées par le virus entre 2012 et 2016. Le nombre de personnes ayant contracté l’infection du VIH a augmenté de 11% entre 1987 et 2012, et celui-ci progresse toujours. Environ 230 millions de préservatifs sont vendus chaque année en Thaïlande, mais le ministère, faute de moyens financiers, ne peut en fournir que 40 millions annuellement.

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